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Obsèques de Benjamin Orenstein

Le 11 février 2021, se sont déroulées au cimetière israélite de Lyon-La Mouche, les obsèques de Benjamin Orenstein, président d’honneur de notre association.

Les membres de notre Bureau et plusieurs membres de notre Conseil d’Administration étaient présents. Pour prendre connaissance du texte de l’allocution prononcée au cours de la cérémonie, par Jean-Claude Nerson, président de l’Amicale des anciens déportés d’Auschwitz Birkenau et des camps de Haute Silésie et vice-président de notre association, cliquez dans l'onglet ci-dessous.

Discours de M. Jean-Claude Nerson

Discours de M. Jean-Claude Nerson

Président de l’Amicale des anciens déportés d’Auschwitz Birkenau et des camps de Haute Silésie
Vice-président de l’association pour l’édification d’un Mémorial de la Shoah à Lyon

Benjamin, notre cher Benjamin vient de nous quitter, il est allé rejoindre sa famille broyée par la barbarie nazie et sa femme, Mireille, celle qui lui avait permis de survivre à cette tragédie.

Depuis quelques semaines déjà nous savions que ce jour funeste était proche, mais nous ne voulions pas nous résoudre au pire.

Ce grand Monsieur, ce roc, ne pouvait disparaître ainsi, laissant ses enfants, ses amis dans un grand désarroi.

Son passé, la chance qui le protégeait depuis son plus jeune âge, faisait de lui un être à part. Souvent affaibli par les épreuves qu’il avait traversées, par le grand âge impitoyable, il se relevait malgré ses souffrances, car il avait un but qu’il poursuivait sans défaillir, le travail de mémoire.

Depuis 1987, lorsque, après le procès Barbie, il avait décidé de consacrer le reste de sa vie à honorer le serment que se faisait les Déportés, témoigner pour que leur sort soit connu de tous et que l’oubli ne les tue une seconde fois, il n’a eu de cesse, de collèges en lycées, d’universités en tribunes officielles, jusqu’à celle de l’ONU, d’être celui qui dérange.

Il apportait, à son récit de l’horreur, sa personnalité qui ne laissait aucun de ses auditeurs indifférents.

Des milliers de jeunes élèves de notre région se souviendront longtemps de ce personnage à l’accent venu d’ailleurs apportant par la réalité de son récit, une consistance humaine aux connaissances livresques sur la Shoah.

L’Education Nationale ne s’est pas trompée en l’élevant au grade de Commandeur des palmes académiques. Des dizaines d’hommes politiques de tous bords lui ont apporté leur amitié et leur soutien.

Son fort caractère qui éloignait les importuns était un rempart pour ne se consacrer qu’à la grande œuvre de ces 20 dernières années : enfin voir reconnue comme interlocutrice incontournable, cette Amicale dont il voulait qu’elle soit le fer de lance de la lutte contre l’oubli.

L’Amicale des anciens déportés d’Auschwitz-Birkenau et des camps de Hte Silésie, à qui il a su insuffler toute la puissance de sa parole et de son charisme, a pu renaître et je crois qu’il était satisfait que son combat n’ait pas été vain.

Cette année de pandémie a été le déclencheur du processus de fin. Pensez !!, ne plus pouvoir faire de témoignages, ne plus pouvoir côtoyer cette jeunesse qui lui apportait tant de satisfaction, c’était trop pour un être dont ces contacts étaient la principale raison de vivre.

Déjà, lorsque ses forces s’affaiblissant, il ne put plus accompagner les nombreux voyages à Auschwitz qui lui tenaient tant à cœur, ce fut un grand déchirement.

Comblé d’honneurs, Chevalier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’ordre du Mérite, le petit Juif polonais des faubourgs de Lublin, était devenu un grand Français.

Il aurait voulu vivre encore quelques temps afin de voir s’ériger le Monument à la Mémoire de la Shoah, dont il portait le projet depuis tant d’années.

Le sort en a décidé autrement, mais tes amis, ici présents, Benjamin, te promettent que ce monument verra le jour, contre vents et marées.

Au revoir, Benjamin, mon ami.

Jean-Claude Nerson