Décès de Benjamin Orenstein B4416, Président d’honneur de l’association
Le décès de Benjamin Orenstein survenu ce 10 février 2021, plonge dans l’affliction tous ceux qui l’ont croisé sur leur chemin. Il était l’un de trois derniers rescapés lyonnais de la Shoah et avait présidé durant de nombreuses années, l’amicale des anciens déportés d’Auschwitz Birkenau et des camps de Haute Silésie.
Personnalité charismatique, mettant foi et énergie dans la transmission de la Mémoire, « au nom des siens », il avait été à l’origine de l’initiative d’édification d’un Mémorial de la Shoah à Lyon.
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Né le 4 août 1926 à Anopol en Pologne, Benjamin Orenstein est le cadet d’une famille juive pratiquante ; il a trois frères et une sœur.
Lorsque l’Allemagne nazie envahit la Pologne, les frères de Benjamin sont arrêtés pour effectuer des travaux forcés. Malgré son jeune âge (il a 15 ans en 1941), il tient à rester avec ses frères. Son père ayant été raflé, grâce à un subterfuge, il réussit à prendre sa place dans le camp de Ieniszow (camp de travail au régime disciplinaire). Il parvient à s’en échapper et à rejoindre ses parents.
En octobre 1942, ses parents et sa sœur sont déportés au camp d’extermination de Belzec et assassinés. Grâce à ses frères, Benjamin est transféré avec eux au camp de travail de Rachow.
Mais en 1943, Benjamin est à nouveau transféré vers un autre camp de travail, Budzyn, réputé pour son régime de dureté sadique, dirigé par un fou sanguinaire, le Commandant Feiks.
C’est à Budzyn qu’il apprend que le camp de Rachow a été démantelé et que tous les détenus ont été assassinés. Il est seul dorénavant, toute sa famille a été anéantie.
Nouveau transfert en 1944, vers le camp de travail d’Ostrowieck, en raison de la progression de l’Armée soviétique. En août 1945, les déportés sont convoyés vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Grâce à sa force physique et à sa déjà longue habitude des camps, Benjamin échappe à la sélection et est intégré à un groupe de travail à Furstengrube, camp satellite de Birkenau à quelques 30 Kms.
L’Armée rouge se rapprochant, les détenus sont regroupés à Birkenau pour être, une nouvelle fois évacués, les Allemands ne laissant sur place que les mourants. Benjamin et quelques milliers de valides entament alors une « Marche de la mort », qui s’achève dix jours plus tard, dans le camp de concentration de Dora, en Allemagne. Plus de la moitié des détenus sont morts en route, de froid, de faim, d’épuisement.
En avril 1945, après s’être livrés à un dernier massacre, les Allemands abandonnent le camp. Laissé pour mort à l’infirmerie et ne valant pas la peine de gaspiller une balle pour l’achever, Benjamin est libéré par les Américains.
Après une longue convalescence, en France, puis en Suisse, orphelin, sans aucun parent proche, il est pris en charge par une organisation sioniste et s’installe en Israël, en février 1947.
Ayant appris par la Croix Rouge, qu’un cousin éloigné habitait à Lyon, il décide de faire le voyage pour faire sa connaissance. En 1954, il s’installe définitivement à Lyon, se marie et a deux enfants.
En 1983, l’arrestation de Barbie, le procès qui s’ensuit, font prendre conscience à Benjamin de la nécessité absolue de témoigner afin que nul n’ignore où peut conduire la barbarie.