Lyon-Capitale du 13 septembre 2019
Un appel aux parrainages et aux dons a été lancé à Lyon ce vendredi pour réaliser le futur mémorial de la Shoah dont le projet “prendra la forme d'une oeuvre d'art significative”. Un monument qui “ne peut être banal”, a-t-il été annoncé.
La salle des Anciennes Archives de l'Hôtel-de-Ville de Lyon était pleine ce vendredi midi pour la présentation du futur mémorial de la Shoah. Un projet qui sera installé sur la place Carnot (Lyon 2e) non loin de la stèle des enfants d'Izieu a révélé ce vendredi Gérard Collomb. “Faire ce monument relève de l'évidence lorsque l'on se rappelle l'histoire de notre cité et du rôle majeur qu’elle a joué durant la Seconde Guerre mondiale. Lyon est la ville de Jean Moulin et la ville que le Général de Gaulle a nommée capital de la résistance”, a déclaré le maire de Lyon.
L'oeuvre en question n'existe pas pour le moment, mais elle se veut ambitieuse. “Ce projet est simple, il s'agira d'implanter un mémorial qui prendra la forme d'une oeuvre d'art significative pour attirer l’oeil des passants”, a expliqué Jean-Olivier Viout, président de l’association pour l’édification d'un mémorial de la Shoah à Lyon. Celui qui était aussi substitut du procureur Pierre Truche au cours du procès de Klaus Barbie en 1987 a expliqué qu'un concours allait être organisé “pour mettre en compétition l’imagination créatrice de grands artistes”. “Ce monument ne peut être banal”, a-t-il précisé. L'ouvre portera la simple inscription : “En mémoire des 6 millions de victimes de la Shoah dont 1,5 million enfants, et des 6200 victimes de la région”. “L'ennemi tue deux fois, le seconde en essayant d'effacer la mémoire de ses crimes. Aujourd'hui nous savons, que s'il réussissait, ce ne sera pas sa faute, mais de là nôtre”, a déclaré M. Viout en citant Élie Wiesel, écrivain juif américain, rescapé du camp d’Auschwitz, dont le témoignage a été lu durant le procès Barbie.
Absents à cause de la grève des transports, Serge et Beate Klarsfeld ont indiqué dans une lettre, leur vision de ce que doit être ce mémorial. “Ce sera un défi pour tous les artistes qui veulent y réfléchir. Si peu d'oeuvres de ce genre existent, c'est parce qu'elles ont du mal à faire coïncider l'art et l'immensité de la tragédie”, ont-ils déclaré. Puis d'ajouter : “Ce monument devra être remarquable pour être réussite esthétique et morale”. Serge et Beate Klarsfeld ont cité comme exemple l'oeuvre de Jeff Koons qui va être installée à Paris en mémoire pour des victimes du terrorisme.
À Lyon, ce lieu de mémoire aura vocation à garder intact le souvenir de la tragédie. “Ce sera une vigie à l'adresse du passant et des générations futures contre les populismes rampants qui pourrait conduire à une nouvelle peste brune ou d'une quelconque autre couleur”, a déclaré Nicole Bornstein, la présidente du Crif. “Nous sommes en train de partir et ne serons plus là pour parler de la Shoah. Mais après nous, les jeunes, en passant par la place Carnot, pourront voir ce monument”, a ajouté Benjamin Orenstein, doyen lyonnais des rescapés des camps de la mort.
Un grand concours national d'artiste va donc désormais être lancé. Dans le même temps, un appel au parrainage et aux dons va voir le jour pour financer cette œuvre. Un comité, présidé par André Soulier, avocat lors du procès Barbie et ancien premier adjoint à la mairie de Lyon, va voir le jour. L'objectif est que l'oeuvre soit réalisée “le plus rapidement possible”, a expliqué André Soulier. Ce qu'espère aussi Benjamin Orestein. “Si on veut voir les choses se réaliser. Il n'y a qu'un seul remède : vivre assez longtemps”, s'est-il amusé en conclusion de la conférence de presse.
Justin BOCHE