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Hayom 74Hayom 74 / Hiver 2019

Lyon, capitale de la résistance, se souvient

À l’instar d’autres villes françaises – Paris, Marseille ou encore Toulouse – Lyon implantera prochainement un Mémorial de la Shoah afin de marquer par un symbole fort le devoir de mémoire, indispensable aujourd’hui et plus que jamais.

C’est dans la salle comble des anciennes archives de la Mairie de Lyon que la conférence de presse a réuni les journalistes, voici quelques semaines, autour des élus et des initiateurs de ce projet.

« Faire ce monument relève de l’évidence lorsque l’on se rappelle l’histoire de notre cité et le rôle majeur qu’elle a joué durant la Seconde Guerre mondiale. Lyon est la ville de Jean Moulin et la ville que le Général de Gaulle a nommée capitale de la résistance », a notamment déclaré le Maire de Lyon.

Porté par une association présidée par Jean-Olivier Viout, Procureur honoraire (qui fut substitut du procureur Pierre Truche au cours du procès de Klaus Barbie en 1987) et par un comité de parrainage présidé par l’avocat et ancien adjoint au Maire de Lyon, André Soulier, le projet rassemble le CRIF Auvergne- Rhône-Alpes, des représentants de rescapés juifs et non-juifs, l’Amicale des déportés d’Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute-Silésie, des acteurs locaux et des personnalités de la société civile.

Le monument commémoratif sera érigé sur la Place Carnot qui a, en avril dernier, accueilli la stèle à la mémoire des enfants d’Izieu (les 44 enfants réfugiés dans ce petit village de l’Ain raflés et exterminés). Le choix du lieu ne doit rien au hasard : en effet, c’est de la gare de Perrache, toute proche, que partirent les trains bondés de femmes, d’enfants et d’hommes promis à l’horreur des camps et à une mort certaine.

Jean-Claude Nerson, qui préside l’Amicale des déportés d’Auschwitz-Birkenau, a rappelé que « le passé a besoin qu’on l’aide afin qu’ il ne sombre pas dans l’oubli ; ce monument sera le rappel du martyre des Juifs d’Europe».

Un appel a donc été lancé pour réaliser l’œuvre qui devrait porter l’inscription : « En mémoire des 6 millions de victimes de la Shoah dont 1,5 million d’enfants et des 6200 victimes de la région » et capter l’attention des passants.
Retenus à Paris mais soutiens indéfectible du projet, Serge et Beate Klarsfeld ont tenu à envoyer le message suivant : « Ce sera un défi pour tous les artistes qui veulent y réfléchir. Si peu d’œuvres de ce genre existent, c’est parce qu’elles ont du mal à faire coïncider l’art et l’immensité de la tragédie ». Puis d’ajouter : « Ce monument devra être remarquable pour être une réussite esthétique et morale ». Serge et Beate Klarsfeld ont évoqué l’œuvre de Jeff Koons offerte à la ville de Paris en mémoire des victimes des attentats de 2015.

Pour la présidente du CRIF Auvergne- Rhône-Alpes, le mémorial « sera une vigie à l’adresse du passant et des générations futures contre les populismes rampants qui pourraient conduire à une nouvelle peste brune ou d’une quelconque autre couleur ».

Un grand concours national d’artistes va donc être lancé conjointement à un appel au parrainage et aux dons afin de financer le mémorial, témoin de la tentative d’élimination du peuple juif par le régime nazi.

Benjamin Orenstein, doyen des rescapés de la région, l’un des promoteurs du projet, et témoin infatigable a, quant à lui, déclaré : « Nous sommes en train de partir et ne serons plus là pour parler de la Shoah. Mais après nous, les jeunes, en passant par la place Carnot, pourront voir ce monument » avant de conclure avec malice : « Si on veut voir les choses se réaliser, il n’y a qu’un seul remède : vivre assez longtemps ».

Patricia Drai

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