Pourquoi un mémorial de la Shoah à Lyon ?
M. Jean-Olivier Viout, Président de l’association
« Il s’agit d’une ambition citoyenne d’une ampleur particulière : rappeler dans notre ville de Lyon où s’est déchainée la répression nazie, ce qu’a produit, il y a 80 ans, au cœur de notre vieille Europe dite des lumières, le fanatisme porté à son paroxysme. Et ce, principalement à destination de la jeune génération et de celle de demain,
Par les temps qui courent, au vu de ce que nous voyons et entendons, chacun de nous ressent, en effet, l’urgence que revêt l’entretien de la flamme de la mémoire de cette dantesque page d’histoire et des leçons que l’on doit en tirer. Car il nous faut garder à l’esprit la solennelle mise en garde adressée publiquement par Elie Wiesel, au cours du procès Klaus Barbie : « L’ennemi tue deux fois. La seconde en essayant d’effacer la mémoire de ses crimes… Parce qu’aujourd’hui nous savons, s’il réussissait, ce ne serait pas sa faute, mais la nôtre ».
Jean-Olivier Viout
Maître André Soulier, Président du Comité de parrainage
« Il y a 75 ans, le monde, sidéré, découvrait l'horreur des camps de concentration et d'extermination nazis à travers les récits qui en étaient faits, les photographies et les images diffusées par le cinéma. Nul ne peut oublier la stupeur et la douleur exprimées par les libérateurs.
Le mot ‘’indicible’’ y trouvait alors tout son sens, quels qu’aient été les malheurs accumulés par les affrontements des hommes depuis des siècles
Dans un monde parcouru à nouveau de frissons, quand certains souvenirs paraissent s’effacer, volontairement ou non de bien des mémoires, il est indispensable et urgent de montrer et de raconter cette tragédie moderne, sans précédent par son ampleur : la tentative d’élimination de tout un peuple ».
André Soulier
Jean-Claude Nerson, Président de l’Amicale des anciens déportés d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie
« Le passé a besoin qu’on l’aide afin qu’il ne sombre pas dans l’oubli, ce monument sera le rappel du martyre des Juifs d’Europe.
Il sera le rappel qui servira aux passants à contrecarrer les propos négationnistes de ceux que Robert Badinter appelait « les faussaires de l’Histoire ».
Comme le disait le philosophe Vladimir Jankelevitch « les morts dépendent entièrement de notre fidélité », quelle plus belle preuve de fidélité que cette édification dans le centre même de la Capitale de la Résistance, d’un monument qui perpétuera le souvenir de la destruction d’une population, seulement coupable d’être née.
Lyon où s’était tenu le premier procès pour crime contre l’Humanité, contre Klaus Barbie, s’honore une nouvelle fois en permettant l’édification d’un tel monument ».
Jean-Claude Nerson
Mme Nicole Bornstein, Présidente du CRIF Auvergne Rhône-Alpes
« Il paraissait important que Lyon, capitale de la Résistance, et sa région qui ont vécu toutes les formes du drame de la seconde guerre mondiale, et qui contiennent en leur sein nombre de lieux de mémoire liés à cette période, envisage l'édification d'un monument mémoriel, à lui seul symbole de la Shoah.
Interpellé par les temps de violence auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés, et par la montée de l'antisémitisme et de la xénophobie, nous sommes en quête d'un lieu de recueillement de grande force symbolique.
Dans une génération, ceux qui ont connu, côtoyé, échangé avec les témoins disparaîtront et la Shoah ne sera plus, peut-être, qu'un événement parmi d'autres, mentionné dans les livres d'histoires, une tranche d'histoire qui aura peut-être du mal à trouver sa place dans le roman national...
Il est donc temps que ce mémorial devienne une réalité pérenne, ancrée à Lyon ».
Nicole Bornstein
M. Gérard Collomb, Maire de Lyon
« Sur ce lieu central de notre ville, ce monument rappellera que plus de 6200 personnes de la région Auvergne Rhône-Alpes - hommes, femmes, enfants - ont été déportées parce qu’elles étaient juives.
Il rappellera que cette mémoire de la Shoah - dans laquelle ont péri 6 millions de Juifs, parmi lesquels 1 million et demi d’enfants - est celle de notre humanité tout entière. Il sera la traduction de nos idéaux d’égalité, de fraternité, de respect de la dignité humaine ; l’expression aussi de notre détermination pour les temps présents.
Nous le savons tous, l’antisémitisme n’a hélas pas disparu après la Shoah. Nous en avons eu ces dernières années dans notre pays, jusqu’au cœur de nos villes, d’effroyables illustrations.
Et l’augmentation du nombre d’actes antisémites enregistrés en France l’an dernier est un sujet d’inquiétude majeur (…) Ce sont les principes même de notre République, ses valeurs fondatrices, son équilibre que ces idéologies de haine menacent. C’est aussi cela que notre démarche a vocation à rappeler.
Pour toutes ces raisons, je suis certain qu’elle recueillera une large adhésion auprès des Lyonnaises et des Lyonnais. Pour ma part j’ai confiance dans notre capacité à mobiliser les forces vives de notre territoire autour de ce projet ».
Gérard Collomb
La place Carnot (Lyon 2°) : lieu d’implantation du futur Mémorial